Si les objets ont historiquement constitué le cœur des pratiques et des réflexions des designer·euses, ils sont communément perçus comme les composantes passives du décor de la vie humaine. Pourtant, les objets gagneraient à être considérées comme des choses qui ne vont pas de soi, qui peuvent « disparaître, se dissoudre, s’effriter, et qui nécessite[nt] d’être sans cesse actualisées » (Denis & Pontille, 2022), et que le sociologue et philosophe Bruno Latour nomme « la masse manquante du social ». De nombreux chercheur·euses se sont attelé·es à décrire ces choses, démontrant les liens indéfectibles, bien que fragiles, existant entre les humain·es et les objets qu’ils et elles fabriquent, consomment, stockent, réparent, etc. Chaque chose devient alors un « nœud de connaissance » (Dumit, 2014) dont les designer·euses se saisissent pour observer, décrire, représenter, fabriquer notre monde.
Cette journée organisée par l’association Design en Recherche à l’occasion de ses 10 ans d’existence devient l’occasion de donner à voir différentes pratiques de doctorant·es en design dont le travail de recherche s’engage directement avec ces choses qui peuplent notre quotidien. S’il n’est pas aisé de rassembler de manière cohérente des pratiques qui sont aussi diverses qu’elles sont de plus en plus nombreuses, peut-être faut-il s’essayer à un exercice a priori simple : faire une liste qui tente de regrouper les choses qui sont au cœur des recherches des membres de Design en Recherche, de les faire se côtoyer sans chercher à les ordonner, et de laisser la porte grande ouverte aux ajouts, aux annexes ou aux chevauchements.