Alors que les hôpitaux connaissent depuis les années 1990 une vague de modernisation, la prétendue « dématérialisation » dont elle est synonyme repose sur des formes de travail invisibles, comme celui des secrétaires médicales. Pourtant, ce travail est loin d’être invisible et il s’incarne au quotidien dans une multiplicités de choses qui recouvrent les murs et les bureaux des hôpitaux. Pour mieux apercevoir ce travail, il faut observer de près la bureautique hospitalière, un enchevêtrement bien organisé d’imprimantes, de fax, de tableaux, de carnets, de posts-its, de mails, et de logiciels, etc. En s’appuyant sur une enquête ethnographique ainsi qu’une approche transdisciplinaire entre design et Sciences and Technology Studies, le travail de recherche de Fanny Maurel interroge la possibilité d’un soin porté aux données de santé en s’intéressant particulièrement aux matérialités du travail médico-administratif en milieu hospitalier et aux représentations du travail. Cette recherche s’attache à proposer des représentations singulières du « travail des données » et plus généralement des connaissances produites, en s’appuyant sur une pratique de design graphique.

Fanny Maurel est designeuse et chercheuse, spécialisée dans le design éditorial et d’information. Diplômée du Master en design transdisciplinaire culture et territoire (UT2J, Toulouse), elle occupe plusieurs postes d’assistante de recherche (Fing – Fondation Internet Nouvelle Génération, Paris, 2019 ; Agence d’architecture TVK, Paris, 2020). Elle développe ensuite une variété de projets de médiation culturelle (médiation écrite, numériques, programmation d’ateliers) au Palais de Tokyo (2020-2022) avant de débuter en avril 2022 la préparation d’une thèse de doctorat en design à Université de Strasbourg, dans le cadre d’un financement Cifre avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).