Résumé de thèse
Au cœur du paysage mondial actuel, la mésinformation et la désinformation sont reconnues comme l’un des principaux risques globaux par le World Economic Forum. Ces risques systémiques fragilisent l’équilibre démocratique et entraînent de multiples conséquences délétères extensivement étudiées par la littérature, parmi lesquelles l’érosion de la confiance, l’exacerbation des discours et actes de haine, la polarisation et le désengagement politique, ou encore la mise en danger de la santé, de la sécurité et de l’environnement. Face à ces enjeux, des initiatives de régulations émergent pour tenter de limiter la présence, la diffusion et l’impact de ces contenus en ligne, en particulier sur les réseaux sociaux. Au niveau européen, le Digital Service Act, implémenté en février 2024, impose ainsi aux plateformes numériques le déploiement d’actions spécifiques dans le but de limiter les risques systémiques posés par les désordres de l’information. Les travaux menés dans le cadre de cette thèse portent sur l’analyse et l’évaluation des interfaces techniques de lutte contre la désinformation, développées par les plateformes dans le cadre du DSA. En s’appuyant sur les travaux menés à date ainsi que sur une collaboration avec les différents acteurs de l’écosystème de la lutte contre la désinformation, cette thèse ambitionne d’analyser les stratégies déployées par les plateformes en réponse au cadre législatif européen, d’évaluer l’efficacité des nouvelles interfaces et fonctionnalités utilisateurs mises en place par les plateformes en utilisant des données réelles d’utilisation et des modalités d’évaluations innovantes et de proposer de nouvelles interfaces de contre-mesure à travers une démarche de co-construction impliquant les utilisateurs des réseaux sociaux.
In today's global landscape, misinformation and disinformation are recognized by the World Economic Forum as one of the main global risks. These systemic threats undermine democratic stability and lead to multiple harmful consequences widely studied in the literature, including the erosion of trust, the escalation of hate speech and actions, political polarization and disengagement, and threats to health, safety, and the environment. In response to these challenges, regulatory initiatives emerge to limit the presence, dissemination, and impact of such content online, particularly on social media platforms. At the European level, the Digital Services Act (DSA), implemented in February 2024, mandates that digital platforms take specific actions aimed at reducing the systemic risks posed by information disorders. This thesis focuses on analyzing and evaluating the technical interfaces developed by platforms to combat disinformation in compliance with the DSA. By building on existing research and through collaboration with various stakeholders in the battle against disinformation ecosystem, this thesis aims to analyze the strategies deployed by platforms in response to the European regulatory framework, assess the effectiveness of new user interfaces and features introduced by the platforms using real usage data and innovative evaluation methods, and propose new countermeasure interfaces through a co-creation approach involving social media users.
Direction de thèse
- Christine Balagué, professeur en Sciences de gestion, Institut Mines-Télécom Business School, laboratoire LITEM
- Inna Lyubareva, professeur en Économie, Institut Mines-Télécom Atlantique, Laboratoire LEGO
Biographie
Marion Seigneurin est designer-chercheuse, spécialisée dans le design numérique et s’intéresse à l’impact des technologies sur la société. Double-diplômée de Strate École de Design, spécialité Interaction, et de Sciences Po Paris au sein du master Innovation et Transformation Numérique, elle réalise son mémoire et son projet de fin d’étude autour de la responsabilité de Parcoursup, l’algorithme public d’affectation dans le supérieur implémenté en 2018 par le Ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Au cours de son double cursus, elle intègre également le réseau de recherche Good In Tech et y mène des travaux sur la publicité numérique responsable et le rôle des algorithmes. En 2024, elle est sélectionnée pour mener une thèse dans le cadre du programme de recherche Futur & Ruptures conjointement soutenu par l'Institut Mines-Télécom (IMT), la Fondation Mines-Télécom, l’Institut Carnot Télécom & Société numérique et l’Institut Carnot M.I.N.E.S. En parallèle de sa thèse, Marion Seigneurin est également designer, chargée de recherche et de communication pour le réseau Go
Marion Seigneurin is a designer-researcher specializing in digital design, with a focus on the societal impact of technology. She holds dual degrees in Interaction Design from Strate École de Design and in Innovation and Digital Transformation from Sciences Po Paris. For her thesis and final project, she examined the accountability of Parcoursup, the public higher education placement algorithm introduced in 2018 by France's Ministry of Higher Education, Research, and Innovation. During her studies, she also joined the Good In Tech research network, where she conducted research on responsible digital advertising and the role of algorithms. In 2024, she was selected for a PhD under the Futur & Ruptures research program, supported by Institut Mines-Télécom (IMT), the Mines-Télécom Foundation, the Carnot Institute Télécom & Digital Society, and the Carnot Institute M.I.N.E.S. Alongside her doctoral research, Marion also works as a designer, research lead, and communications manager for Good In Tech, developing projects that make the network’s research more accessible to the public.